Bill Grenier, créateur de la série télé documentaire La Colère Jaune
, interviewé dans le cadre d’un supplément sur le coffret DVD, décrivant la genèse de son projet.Les enfants dans la classe de cinquième année le nommaient Clarence le Sphincter parce qu’une fois, en revenant d’une sortie de fin d’année au Laser Quest sur Taschereau, notre prof Claire nous avait révélé accidentellement qu’il souffrait d’une maladie – elle avait insisté pour qu’on appelle ça une « prédisposition », mais elle-même ne semblait pas trop convaincue de l’appellation – une maladie, donc, qui causait un relâchement soudain de son sphincter chaque fois qu’il éprouvait de la colère. Évidemment, de se faire appeler Clarence le Sphincter devenait alors une sorte de métatélescopage parce que ç’avait inévitablement pour effet de le fâcher, donc de provoquer un relâchement sphinctérien. Un Broissardois ne connaissant pas la prédisposition fâcheuse de Clarence aurait pu alors penser que nous lui avions plutôt ordonné, par extension, de se détendre le sphincter : « Clarence, [détends-toi] le sphincter [immédiatement]! »
Personne n’aurait pu deviner qu’un jour, sa détente sphinctérienne lui servirait d’arme redoutable dans un combat sans pitié pour la justice et la liberté. Moi, à l’époque en tout cas, je ne faisais toujours que m’amuser à le voir se fâcher puis se souiller, ne sachant pas que je contribuais directement à son apprentissage de futur superhéros. Il faut dire que de se pisser dessus ne laissait pas présager un avenir aussi grandiose. Mes quelques camarades de classe de l’époque ne m’ont d’ailleurs pas cru, le jour où je leur ai montré la une du
Flux régional annonçant l’arrestation prodigieuse d’un brigand notoire par Clarence le Sphincter. Le journal des cantons montrait une photographie d’un malfrat mouillé à lavette, tenu par la nuque par un jeune homme vêtu de tuniques jaunes et brunes, surnommé La Colère Jaune par le journaliste.
Je me souviens que le style de ce même journaliste nous projetait d’emblée dans un univers de bande dessinée : il se nommait Dan Cellar, il était un policier à la retraite et sa chronique quotidienne truffée d’anglicismes laissait croire que le bonhomme était anglophone. Elle portait le titre : « Les Dossiers de l’Inspecteur ». On y parlait de Clarence le Sphincter comme s’il s’agissait d’un prophète, d’une force de la nature.
Déjà, je devinais pour Clarence un avenir pour le moins extraordinaire. Quelques années plus tard, son union avec un obscur vigilant,
Messire William, celui que Cellar a surnommé l’Aiglon de Hante Sique, m’a confirmé qu’il y avait là, pour moi, une série documentaire en gestation : il ne me restait qu’à former mon équipe, amasser des fonds, et le projet serait lancé.
3 commentaires:
Clarence Le Sphincter te salue, Messire William.
http://rbtiroir.blogspot.com/2010/07/cellar-et-laiglon-sur-la-terre-nouvelle.html
"Hante Sique" ? C'est près de "Cow Endsville" ?
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