Cagibi

Samedi après-midi de novembre dans un café sur St-Viateur. Dehors, ça sent la neige et il fait noir trop tôt. William et moi, on tente de se faire croire qu’on est productif dans les cafés, alors que pour vrai, on y va surtout pour épier les voisins. William dessine alors qu’il devrait lire des choses sérieuses, l’oralité, Bourdieu, les mythes, le baseball, les américains, des gros livres commandés sur internet, ça arrive chaque semaine par la poste, je crois qu’il essaye de faire une compétition. Je lis distraitement Le bruit des choses vivantes en écoutant la conversation d’à-côté… ou l’inverse. La fille à notre droite parle beaucoup. Petit béret mile-end, grands yeux. Le gars devant elle essaye de la cruiser (sans grand résultat si je peux me permettre l’analyse) en lui disant qu’elle ressemble à une hongroise. Elle lui raconte qu’en allant s’acheter un chat à la SPA, elle a eu un gros coup de foudre avec l’employé, sauf qu’elle a aucune raison d’y retourner pour le revoir. Tsé la SPA, c’est pas comme une boutique, tu peux pas vraiment magasiner là-bas, tu peux pas faire semblant de regarder les animaux comme on regarde les robes de bal…
-Pis je peux même pas aller acheter de la bouffe pour chats, je sais que le mien aime pas cette marque-là.
..