6.5.08

FÉTICHISME - LES PIRES

La plus "Canada-Anglais"
Edith Wharton, The Age of Innocence, Dover Publications, Mineola, 1997.

Je pense honnêtement qu'ils se sont dit, chez Dover Publications, qu'on ne réaliserait pas que c'est de la tapisserie leur affaire. Il y a "rococo : Urban-Outfitters-des-moineaux-peinturés-chrome" et il y a "rococo : Mary-Higgins-Clark-vous-reçoit-à-souper", non? Et puis, ici, même si les génies de Dover Publications cherchaient plus à créer le deuxième effet, ni l'un ni l'autre ne fonctionne. C'est une couverture qui ne pardonne tout simplement pas quand tu lis dans le métro. Et puis, comme de raison, il fallait que le roman qui traite le plus explicitement de la société new-yorkaise des années 1870, soit publié à Mineola, en banlieue de New York.

La plus brune

Chester Himes, Blind Man With a Pistol, Vintage Books, New York, 1989.

Celle-là n'a rien de trop choquant à part la couleur. Avec la photo de mon ordi, ça donne presque doré -- qui peut être mauvais ou bon, on l'a vu avec la couverture du livre de Pynchon. Mais, en réalité, c'est un brun effacé. Pas tout à fait beige, je dirais que c'est un brun pastel.

Le roman, pour sa part, n'a rien de pastel. C'est violent, c'est éclaté, c'est slang. C'est un de mes romans préférés, qui est trop souvent confiné au statut de littérature populaire parce qu'il met en scène une enquête policière, et que ça s'inscrit plus ou moins dans une série mettant en scène les deux mêmes policiers. Mais, ça dépasse tout ça. Et le titre est incroyable.

La plus eighties
Robert Coover, A Night at the Movies or, You Must Remember This, Linden Press, New York, 1987.

Les illustrations sont faites par un certain Gene Grief, qui se trouve à avoir marqué un point tournant dans l'esthétique graphique des albums punk depuis qu'il aurait conçu la couverture des Clash, pour leur deuxième long-jeu intitulé
Give 'Em Enough Rope. Grief est décédé, mais son oeuvre perdure, et demeure largement responsable pour l'esthétique postmoderne des années quatre-vingt, incluant aplats de couleurs controversées, collages d'images recyclées, rencontres graphiques d'icônes historiques anachroniques. Il ne réalisait pas, à l'époque, qu'il allait être à l'origine de toute la carrière de Manuel Hurtubise, notamment sa période "Manigances" de 1991 à 1997.

5 commentaires:

Anonyme a dit...

Je m'obstinais à ce sujet-là la semaine dernière avec un ami. Il me disait que les livres "objet" n'existeraient plus et que tout se ferait sur le net; que l'avenir pour un auteur passait par le blog; que les maisons d'édition mourraient dans les prochaines années. Moi je disais non, non, c'est impossible, mais je n'avais argument pour soutenir mon point. C'est con, j'avais envie de pleurer.

Anonyme a dit...

oups, je voulais faire commenter ton post sur les plus belles couvertures, mais bon.

Danger Ranger a dit...

Celui de Miron, j'ai la même édition, trouvée je ne sais plus quand dans une place de livres usagés!
En passant je ne suis plus assidu sur le web depuis quelques temps, trop pris par ailleurs (j'ai le texte d'un nouveau "post" prêt pour mon blogue depuis, genre, deux semaines, et ça traîne), et je suis difficile pour ce qui est des blogues (voir le début de ma dernière chronique pour l'expression de mon aversion pour les blogues d'opinion et de gens qui essaient d'avoir l'air "hot"), mais je me promets de lire le tien plus souvent, j'aime ça et je l'ajoute dans mes liens!

Danger Ranger a dit...

J'ajoute que Stephen King avait fait l'expérience d'une publication exclusivement web il y a plusieurs années, et que, d'après ce que je me rappelle, ça ne lui avait pas semblé concluant.
Des mp3 et des textes à downloader, c'est pratique et ça fait tellement cool et branché, mais pour le mélomane ou le lecteur fervent d'un oeuvre, rien ne remplace l'objet physique une fois la phase d'appréhension passée, selon moi.

William a dit...

Stéphane:
Ouais ben, il existe toute une panoplie d'expérimentations avec le web en littérature, je pense entre autre à cet auteur qui m'intéresse pour l'école qui s'appelle Robert Coover et qui a déjà mené plusieurs projets dans les départements de création littéraires d'universités américaines portant sur les possibilités de l'hypertexte. Je crois que c'est très beau tout ça, et que ça doit être crissement intéressant à analyser (peut-être même à lire) mais que ça manque de matériel. On est tous plus ou moins sédentaires, tsé. On a besoin d'accumuler des trucs, de collectionner, de faire des provisions, et de se divertir là-dedans. L'autre jour on parlait entre amis de la petite déception qu'on ressent quand on loue un livre qu'on trouve vraiment excellent. Après, on se sent un peu mal d'aller l'acheter parce qu'on l'a déjà lu, mais on peut pas s'empêcher de vouloir l'ajouter à notre collection... C'est con, c'est matérialiste, mais c'est plus fort que nous.

À part ça, c'est gentil de ta part de passer ici. Saches que j'ai (et Anne aussi) à peu près la même approche concernant les blogues. Pour moi, c'est surtout de l'exercice de style. Je ne fais pas de prospection, je ne "blogue" pas tant que ça, et j'ai de la misère à assimiler le concept de la blogosphère - cette espèce de communauté virtuelle. Les textes qu'on publie ici sont pour les gens autour de nous, et d'autres qui se sont greffés. Et puis, ça fait un petit bout de temps, mais d'habitude, j'y mets des textes de création plus que des critiques, etc.