J'ai un peu trop attendu ce nouvel album de Wolf Parade. Les trois derniers disques que j'ai achetés ont représenté pour moi une façon de repousser la crise. Je les ai choisis soit dans l'idée de remplacer un rock pour un rock, soit dans l'idée de remplacer le même rock par une plume, un brin d'herbe (quelle poésie, ce texte devient meilleur à chaque mot). Donc, après Death Cab, Plants and Animals, ou encore Karkwa, l'envie de rock n'était pas tout à fait comblée.
Depuis
Apologies to the Queen Mary, je me suis promené du côté de Sunset Rubdown et de Handsome Furs, projets solos respectifs de Spencer Krug et de Dan Boeckner (qui ont des noms et prénoms résolument indie-rock, il faut l'admettre; c'est à croire que tu ne peux pas t'appeler Mike Smith et faire de la musique pseudo-postmoderne trendy pop rock). J'ai pu constater que j'étais peut-être plus Boeckner que Krug, même si ça se détermine difficilement (ça ferait une belle annonce de compagnie allemande d'écrous ou de sortes de vise-grips: Êtes-vous Boeckner ou Krug?). Le premier écrit bien et rocke viscéralement, le dernier écrit mieux mais rocke saturé. Enfin, j'avais don' hâte que le couple alpha se réunisse et que la meute revienne hanter mes avant-midis, mes trajets de métro, mes parcours de jogging.
Et, dans l'attente, on mythifie. En jasant avec Oli, Alexie et Anne, en lisant des entrevues, en cherchant les nouvelles tounes sur YouTube, toutes sortes de mythes naissaient de l'envie d'avoir un produit aussi fini, aussi complet que
Apologies. J'ai eu peur que le groupe vire essentiellement krugien, et qu'il perde toute sa saveur rock "sock-ya-in-tha-guts" pour quelque chose de plus intello. J'ai aussi eu peur que ça ressemble trop au premier, mais je crois que c'est tout à fait normal dans l'attente d'un deuxième album.
Cette attente a mythifié Wolf Parade, donc, jusqu'à en polariser les membres essentiellement dans la figure des deux chanteurs. J'ai polarisé à un point tel qu'aux premières écoutes de
At Mount Zoomer, je me suis buté au drum comme à un mur. Comment ça, c'est le drum que je remarque? J'attendais un choc de titans ou une fusion nucléaire. Et finalement, la dualité mythique est tombée, Caïn n'a pas tué Abel. Tout compte fait, puisqu'on est dans les mythes et qu'il s'agit bien de loups, Rémus et Romulus ne sont pas seuls à s'accrocher par les dents, bras pendant, aux mamelles de la louve : il y a deux autres musiciens, dont un batteur qui ressort nettement. C'est la rencontre d'un drum relativement simple et d'une basse qui l'accote avec des mélodies qui tantôt tendent à se stratifier avec une certaine réserve, tantôt progressent par sections. Mon meilleur exemple de cette rythmique structurante qui force à hocher presque systématiquement de gauche à droite (j'ai essayé de l'avant à l'arrière et ça marche pas, c'est pas une musique de tête, c'est une musique d'épaules; on trashe pas, on danse) demeure la pièce "Fine Young Cannibals".
En gros, les trois premières tounes t'accrochent presque automatiquement. Ensuite ça devient plus vaporeux (plus krugien, si vous voulez mon avis). On a droit au dialogue Broeckner-Krug. En fait, la seule raison pour laquelle c'est bon, c'est qu'on sent qu'il y a un choc. Puis à la sixième chanson, c'est la fusion nucléaire tant attendue; l'union de forces controversées pour affronter un mal commun; le feu et l'eau en parfait équilibre devant un adversaire indéfectible (percevoir ici l'intensité du gars qui fait les annonces de tous les films de Steven Seagal); l'alliance d'armées antagonistes devant un tyran géant. La fusion atteint d'ailleurs son paroxysme au son d'un "Fire in the hole!" guerrier, presque festif, vers la fin de l'épique "Kissing the Beehive":
I'm not a wild partyI'm just in union at the showPut the ring back on and take your husband homeFire in the hole, fire in the hole, fire in the hole!Radio, radioWhy did you leave Virginia's sideIt's an alibi, we all know how the music diedFire in the hole, fire in the hole, fire in the hole!
2 commentaires:
bravo will
t'écris bien !
continue à faire des critiques...à quand la tienne ou la mienne !!??
oli
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