Folles

Paris, 1937. Des artistes profitent de chaque instant avant l'Horreur qui s'annonce. Ça chante, ça danse, ça séduit, aussi. La pute, lucide, récite de la poésie pour 200 francs. Pour un peu plus, elle vous montre son cul.
C'est en quelques mots le climat d'Opium_37, la pièce qui inaugure la saison 2008-2009 du Quat'Sous. J'ai assisté avec grand plaisir à la générale aujourd'hui (privilège de celle qui s'est tappée la relance téléphonique des abonnés au printemps!).

Et quelle pièce.

On parle souvent des années folles, cet entre-deux-guerres faste, comme d'une période bénie où l'on jonglait avec une utopie positiviste: prospérité économique, jazz et surréalisme, cigarette au bec. Opium_37, pour sa part, insiste sur la névrose sociale qui accompagne ces années de folie. Oui, il y a la musique, omniprésente dans la pièce. Mais derrière elle, Antonin Artaud délire avec violence sur le théâtre de la cruauté, la mort qui rôde dans chaque texte. Ses apparitions bouleversent le spectacle, rompent l'équilibre précaire d'un monde qu'on sait périssable. Ici, on force le sourire. On veut croire au bonheur, étirer la passion qu'on sait trop brève et oublier les menaces de guerre.

Allez-y!