I Saw The States

Je crois qu'il existe deux sortes de bons films : le bon film, et le bon film dont la trame sonore inclut une chanson d'Elliott Smith.

Non, je rigole (quoique : 1, 2, 3, 4, 5...). Je dis ça parce que le film qu'on a vu hier contient une autre belle pièce de Smith.

Ce dont je voulais parler, c'est du fait qu'il existe des films dont la musique est un personnage. Et il y a même des films dont la musique vole le show. Up in the Air de Jason Reitman correspond à ces deux descriptions. C'est du bon cinéma mais, vraiment, la trame sonore est meilleure. Le gars aurait dû juste faire un mixtape, dans l'fond. Les critiques que j'avais lues en parlaient avec moult soulagement (moult, moult, y'all), comme quoi Hollywood produisait enfin une comédie pour adultes. C'est vrai qu'on se sent un peu plus valorisé et notre jugement est un peu plus sollicité qu'à l'habitude dans le genre de la comédie-romantique. Mais, je répète, la trame sonore vole la vedette.

Cette trame sonore, donc, est probablement née dans le nord du Michigan, a fait quelques cours à Columbia pour se rendre compte qu'elle avait plus de chance dans un milieu marginal et anticonformiste: c'est pourquoi elle a ramassé une guitare acoustique, s'est fait pousser une barbe d'ogre et s'est équipée en flanellette, en skinny jeans et en tuques de ski-doo. Elle s'est vite aperçue qu'on n'est pas si seul dans la marge, finalement, ce qui explique le fait que son premier tube, celui qui a amorcé sa carrière d'environ 2h00, est une reprise funk d'un classique folk (du fonk?) de Guthrie (Woodrow Wilson "Woody"): This Land Is Your Land. Comme un gros "what-what" à Pete Seeger. S'en sont suivis une série de morceaux dans lesquels la vraie personnalité de la trame sonore semble avoir pris forme: de la bouffe organique, des accessoires de laine et de la guitare ô combien acoustique.

Le moment où la trame sonore brille vraiment plus fort se trouve dans cette pièce de Dan Auerbach (des Black Keys) intitulée Goin' Home.