13.2.10

Agacinski - retour


"En assumant radicalement la finitude, la pensée moderne
a abandonné la continuité de l'histoire."
- Sylviane Agacinski


Je suis obsédée par cette idée de grand mouvement du monde que développe Agacinski. Nous n'éprouvons pas le temps de la même façon qu'au 19e siècle, tout se vit dans un grand mouvement qui nous entraîne, malgré nous, dans un passage accéléré, une urgence. Fascinée, aussi par l'étrange paradoxe du cinéma, qui se pointe pile dans cette roue qui s'accélère : pour la première fois dans l'histoire, on peut saisir le mouvement. Et le cinématographe, à ses débuts, est avant tout la captation de ce grand bouleversement du monde : train, fumée, avion, Ford T, hommes moustachus en camisole qui bougent, qui rament devant l'objectif. Et la porno, qui surgit.

"À l'origine, l'analyse du mouvement. Chronophotographie. Cheval, oiseaux, hommes, femmes. Ça court, ça saute, ça vole et ça recommence. Et tout de suite l'usage pornographique, car le cinéma c'est l'industrie des corps. Nos arrières-grands-mères sucent et se font mettre dans les cuisines. Odeur de soupe et de foutre, c'est l'odeur du siècle des locomotives et de l'inconscient. Les hommes sont musclés et moustachus, ils posent pour nos grands peintres, bandent secs face à l'objectif. Assemblage des corps, mise en scène, litanie des séquences, de toute évidence, le scénario du cinéma est d'emblée sadien. Pendant ce temps, Degas brosse les corps, femmes au bain, dos courbés, fesses charnues dans l'ombre noire de l'encre grasse, corps venus sous la main, corps avachis des putains, cuisses ouvertes, ventre bedonnants, corps épuisés des maisons closes, des chambres obscures."
(P. Grandrieux, "Vivement le désordre", Les Cahiers du Cinéma, nov. 2000, p. 88-92)

2 commentaires:

Anonyme a dit...

As-tu déjà mis cette citation en ligne? Me semble que ça me dit quelque chose. À moins que je l'aie croisée dans mes recherches sur la pornographie d'arrières-grands-mères.

Mais que de belles fesses dans ce vidéo des années soixante! Des vraies fesses, des femmes-femmes avec des rebondis et des hanches, et qui visiblement en sont fières parce que c'est ça, être belle! Faites-vous pousser des fesses, les filles.

Anne a dit...

Oui, je pense que je l'ai déjà mis ici ou sur un autre blogue! Je suis un peu obsédée par ce texte de Grandrieux...

Et je travaille sur mes fesses.