5.7.10

Devant l'image.


Penser d'abord l'image comme un mouvement énergétique ou dynamique. Un cinéma obsédé dès le départ par le mouvement, le rythme et le flou. Un cinéma qui veut d'abord enregistrer ce spectacle du corps vivant : cheval au galop, ouvriers en usine, danse exotique, corps possédé, rires, cris.

Penser ensuite l'image selon un modèle fantomal. Un cinéma peuplé de fantômes et de revenances de formes. Face au cinéma des premiers temps, c'est cette intuition première d'avoir affaire à des films de morts (particulièrement pour les plus «vivants » d'entre eux : films de famille et films pornos). Que reste-il de vie dans ces corps qui s'agitent? Le chien de la famille, qui court joyeusement vers la caméra, a été enterré il y a plus de cent ans.

Un cinéma hanté, donc. La hantise, « c'est quelque chose ou quelqu'un qui revient toujours, survit à tout, réapparaît de loin en loin, énonce une vérité quant à l'origine. C'est quelque chose ou quelqu'un que l'on ne peut oublier. Impossible, pourtant, à clairement reconnaître. » (Didi-Huberman, L'image survivante, p. 28-29)

1 commentaire:

William a dit...

C'est moi ou y a quelque chose de profondément gothique dans ce rapport à l'image comme hantise?

C'est intéressant en maudit, en tout cas.