16.8.11

Entre la moiteur et le cri.


"Minding the Baby", Cherry Hill, Collections MCNY, autour de 1890.


"À trois ans, Guillaume était encore sujet à d'immenses colères, d'autant plus puissantes qu'il gagnait en force. Il tapait des bras, des jambes et de la tête contre le plancher dans des transes inexpliquées. Des plaies apparaissaient, les contusions à la tête se succédaient. À cinq ans, il savait choisir un objet fragile et précieux, l'apporter dehors et le fracasser sur le trottoir sous les yeux de la mère qui fumait sur le balcon. À tous moments, ses parents trouvaient sur les tapis des traces de sang, de morve ou d'excrément. À sept ans, l'enfant n'acceptait plus qu'on le touche ; la plupart du temps il vous frappait.
Un médecin a dit Certains enfants naissent porteurs d'une grande colère, on ignore pourquoi."


Je viens de refermer Les cheveux mouillés, dernier roman de Patrick Nicol. Petite plaquette troublante de 110 pages, lue sans pouvoir m'arrêter. Nicol fait surgir chez moi une angoisse profonde à travers ce personnage de l'enfant terrible, petite terreur réduite à un organisme vagissant et incompréhensible. Devant le fils qui grandit, toujours aussi étranger à des parents qui ne comprennent pas, il est encore plus triste de lire l'échec du couple. Est-ce qu'il existe des enfants qu'on ne peut tout simplement pas aimer? Tous les parents ont eu ce petit "vertige" devant la petite bête hurlante devant leurs yeux. L'immense fatigue qui te fait douter, l'espace d'un instant.


"En haut de l'escalier, elle porte l'enfant. Je n'aurais qu'à ouvrir les bras. La sympathie soudaine pour la jeune mère aperçue aux informations qui a secoué sa fillette au point de la rendre infirme. D'autres idées, des lubies qui déjà sont des crimes avant d'avoir été formulées et qu'on ne saurait avouer aux parents et amis émerveillés comme il convient devant le miracle de la vie."


Un lien vers la critique de La Presse.

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