Sunshine, Sunshine Reggae

Un employé jamaïcain (ou haïtien, ou congolais, mais jamaïcain, ça colle mieux à l'anecdote) prépare ses petites cups de vodka jus d'orange derrière un comptoir de dégustation d'une nouvelle vodka canadienne, à l'épicerie sur Fleury. Il offre d'abord un échantillon à une dame qui ressemble à Francine Grimaldi si elle n'était jamais sortie de Laval. Elle regarde le produit puis accepte.

Pendant qu'il la sert, elle se met à danser au rythme du Sunshine, Sunshine Reggae qui hurle dans les haut-parleurs de réveil-matin sous le comptoir du Jamaïcan. Matante Grimaldi commence à être légèrement lascive dans ses mouvements, et le gars l'a même pas encore servie. Elle se tourne vers moi, qui attendais pour goûter aussi, et elle dit «Hey, y l'ont tu le sens du beat eux-autres!» Tout en remuant sensuellement ses hanches comme lui a appris l'instructeur d'aérobie dans sa dernière croisière dans les Bahamas; elle enfile le vodka jus d'orange d'une traite et lâche un regard un peu trop mielleux au Jamaïcain indifférent.

Grimaldi s'en va, une petite Thérèse cheveux courts, camisole de lin, ventre proéminent, shorts bermuda et sandales acu-massage, se pointe devant le comptoir et dit «Moi ça va être juste du jus d'orange.» Le Jamaïcain: «Juste du jus d'orange?» Thérèse: «Ouin, parce que l'autre affaire, ben c'parce que j'peux pas en prendre. J'vais prendre juste du jus d'orange.» Le gars, qui est engagé pour essayer de vendre de la vodka ici aujourd'hui, lève les yeux, sourit en coin et lui sert sa petite cup de jus d'orange gratis.