21.6.07

Les headphones dans le tapis (un meurtre ce soir dans le ghetto McGill)

En revenant du lancement de Biscuit Chinois, j'ai croisé un grand gangster sur le coin de Saint-Urbain et, je crois que c'était Prince-Arthur. Il avait les Air Force One tout noirs, les shorts à la cheville, la jaquette blanche et le bandeau de tennis dans les cheveux un peu afro.

Quand on s'est croisés, j'avais le nez dans la revue. J'ai entendu un petit «piclic» à côté. Il avait échappé un objet de métal sur le trottoir et continuait son chemin sans s'en rendre compte. Moi, en bon samaritain, je ramasse l'objet. Ça s'avère être un couteau pliable semblable à ceux qu'un de mes amis avait au primaire. Le genre de couteau pliable que tu peux seulement acheter dans un marché aux puces ou un magasin qui vend également des pipes ornées du drapeau du Québec, des plaques de licence avec ton nom, et des tasses à café en forme de tête d'orignal. Le genre de couteau qui fait un petit «piclic» quand tu l'échappes sur le trottoir.

Donc, couteau pliable - plié - en aluminium cheap en main, je dis «Hey Man!» au gang-banger; prenant bien soin d'ajuster mon ton et mon vocabulaire pour avoir quand même l'air un peu cool. Pas de réponse, ses headphones dans le tapis, il continue de s'éloigner. Je siffle. Il traverse la rue en me tournant le dos, ni vu ni connu.

Un dude à ma droite rit de la situation et part sa voiture. Je lance le couteau dans une poubelle un peu plus loin en me disant que si, ce soir, le grand gangster doit rencontrer un rival; et si ce rival doit l'inviter à un duel - en présumant que c'est comme ça que ça marche -; quand il fouillera la poche de ses baggy shorts Dickies; eh bien merde, il n'aura plus son fidèle allié, son instrument en alliage, son aluminium sauveteur, son piclic de sécurité.

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