Au coin de la sortie est du métro Henri-Bourassa, juste à côté du parc Ahuntsic, il flotte – c’est immanquable - une incroyable odeur de marde. Je m’étonne à chaque fois de la puissance de la draft qui nous pogne au cœur quand j’oublie de prendre une grande respiration avant de passer le dernier banc extérieur. Étrangement, l’odeur semble émaner d’une source qui ne dépasse pas le mètre carré, parce que ça ne reste pas longtemps imprégné dans le nez si on marche vite, mais la draft de marde dépasse largement tout ce que mon nez a pu soutenir dans ma vie. Et on parle d’une fille qui connaît East Angus et son usine de pâtes et papiers.
Je dis marde pour rester polie, mais en fait, ça sent pas la marde du tout. Absolument impossible à décrire en un mot, mais été comme hiver ça semble être un mélange humide et lourd de ce que Montréal connaît de pire. Une odeur de marde, oui peut-être, mais probablement aussi de vieux sexe, de sueur, de pisse contre un mur, de jus de poubelle, d’itinérance, de charogne, de junk food qui a eu chaud, de bière flatte, de vieux botchs et de chambre de hockey. Tout ça mis ensemble, qui baigne dans son jus à 34 degrés avec le facteur humidex, c’est impossible à soutenir, ça fait couler les yeux.
En fait, William et moi, on s’est rendu compte que la sortie est du métro Henri-Bourassa sent exactement comme la madame à la face sale qui ne possède qu’un gros dread remonté sur le dessus de sa tête et qui se promène souvent dans la 69 Gouin. Et bizarrement, cette draft de marde sent exactement aussi comme une ruelle du Mexique. Est-ce que c’est possible qu’une odeur aille sa jumelle à six heures d’avion? Ça revient au fait que deux poubelles, même si elles ne contiennent pas la même affaire, se mettent immanquablement à sentir la même vieille charogne dans un 4 et demi en juillet. Qu’est-ce qui fait ça? La lune? Les marées? Le même phénomène qui fait que les petites filles sont toutes menstruées en même temps dans une école secondaire privée?
J’ai déjà lu à quelque part que ce qui fait qu’une odeur semble pire qu’une autre, c’est un indice pour le cerveau humain qu’il ne faut pas manger ce qui la produit. Les hyènes trouvent que la charogne, ça sent bon, justement parce que leur estomac est capable de la manger, mais pas toi. Alors mettons que tu as le choix de manger du fromage à raclette et une moufette, tu choisis le fromage. Mais entre la moufette et la coulée verdâtre de l’usine d’East Angus, tu vas pas licher un tuyau.
Incipits actualisés #1
Il y a 13 ans
3 commentaires:
Bonjour vous deux...
Tiens AnnE, voici ma trace!
Moi je suis du genre à être plutôt tolérant aux odeurs de fermentation et de décomposition, est-ce que ça veut dire que mon cerveau trouve ça appétissant? ;p
Dis, ça sent pas si mauvais que ça au Mexique?
Deux ans plus tard, il y a la même odeur au même endroit... De plus, ça sentait la même chose à certains endroits du Zoo de Granby quand j'étais jeune...
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