11h15, quatrième jour de vente-trottoir sur la Plaza St-Hubert. Je regarde tranquillement défiler la foule devant moi, un peu blasée par la chaleur et la faiblesse du café servi en face. Une dame âgée se dirige vers moi.
- Ki-risse, kessé ça? (elle me pointe un ouvre-bouteille en forme de poisson)
- C’est un ouvre-bouteille en forme de poisson madame.
- Ah ouain? (air profondément dégoûté)
- Oui.
- Quatre piasses?
- Quatre piasses.
- Ben voyons don’! Comment ça peut ben marcher?
On ouvre la boîte. On fait preuve d’une patience extraordinaire. On explique le fonctionnement de l’objet deux fois, très lentement. On est l’employée d’une librairie qui passe quatre jours à surveiller des gens fouiller dans des piles de livres et de disques sans intérêt. Des bidules cassés. Des toutous sales. Dans l’intercom, une voix bilingue fait aux quinze minutes le bilan des enfants perdus. La petite viet d’à côté a sorti trois chapeaux pis des crayons sur une table. Elle attend. Vous prenez les trois monsieur pis je vous fait ça pour cinq piasses.
La vieille dame soulève l’ouvre-bouteille, le retourne, l’examine dans tous les sens.
- En tous cas, c’est pratique.
- Ah ça, pour être pratique…
- Eye un poisson toé! Eye! Qui ouvre des bouteilles!
- Fou d’même.
- …
- …
- Mais yé bleu.
- Ben en fait c'est la seule couleur.
- Ah non, moé, le bleu… je l’sais, ça va me fatiguer.
Elle me le laisse dans les mains et s’en retourne fouiller dans les toutous sales. La vie est rough.
Incipits actualisés #1
Il y a 13 ans
1 commentaire:
Ha! Ha! Courage, c'est presque terminé.
Mon bilan de la vente trottoir est plus positif: des souliers, des boucles d'oreilles, des speakers et un beau livre de photos à 95 sous!
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