12.11.07

Pourquoi je n'ai pas survécu à plus de douze heures sur Facebook

Hier soir, autour d'onze heures, j'ai été curieux de savoir ce que c'était que ce fameux Facebook, pour la première fois depuis que j'en entend parler. Cinq minutes plus tard, me voilà déjà avec cinq amis facebookiens; dont un ami dans la vraie vie qui me plaque une photo de moi, coupe de vin dans la main, sur mon profil; un grafiti sur mon mur de la part d'Anne-Marie qui manifeste un enthousiasme étrange par rapport à mon adhésion; et un début d'angoisse qui se pointe à l'horizon.

Je n'ai pas l'intention de dénigrer les utilisateurs de Facebook. Je suis d'accord avec le principe, je salue l'ingéniosité -- tu peux trouver tout le monde là-dessus, bâtard. Même Emmanuel Jolin, qui m'a déjà traité de face d'anus au secondaire, parce que j'avais essayé de le déconcentrer en jouant au basket. Ça m'avait perturbé: ça ressemble à quoi une face d'anus? Emmanuel Jolin qui était un de mes meilleurs amis des secondaires 1 à 3, puis que l'absurdité adolescente avait ostracisé au point de le faire déménager chez son père à Saint-Denis-de-Brompton.

Donc, je ne suis pas contre Facebook. D'ailleurs, ce qui m'a poussé à tenter l'expérience, ce sont les innombrables «Es-tu sur Facebook?» qu'on m'a demandés affectueusement lors du party de fin d'année des employés du Jardin Botanique. Et c'est à prendre affectueusement: le traditionnel, et ô combien pratique, «On s'appelle et on déjeune» a certainement gagné en efficacité avec l'arrivée de Facebook. Maintenant, tu peux prendre des nouvelles de la personne et la personne peut en prendre de toi, sans qu'aucun des deux ne s'adresse la parole -- ni orale, ni écrite.

C'est ce qui a fait germer en moi une mini-angoisse hier soir, alors que je regardais les commentaires sur les murs de mes amis, ceux qu'on me laissait et ceux que je laissais, moi-même. Tout d'un coup, je me voyais inondé d'insipidités qui allaient me gruger l'imagination parce que je ne sais jamais quoi répondre à du small talk, surtout pas du cyber-small talk.

«Hey t'es enfin sur Facebook. Bienvenue!»
«Oui, me voilà. Merci!»

Et puis, c'est correct. Qu'est-ce tu veux dire de plus?

Mais, suite à une conversation sur MSN avec une fille avec qui je suis allé à l'école primaire à Granby, mon opinion s'est confirmée. Facebook, dans mon cas, c'est comme si on ajoutait une fenêtre dans mon salon. En ce moment, mon salon a deux grandes fenêtres qui donnent sur deux façades de l'appartement, on voit à peu près tout ce qu'il y a à voir à l'extérieur, du point de vue du salon. Dans l'une, le soleil entre à partir d'environ huit ou neuf heures et passe une partie de la journée avant d'arriver à la fenêtre suivante, sur l'autre façade de l'immeuble. Les fenêtres sont énormes, plus grandes que n'importe quelle autre fenêtre que j'ai pu avoir dans n'importe quel autre appartement. Et puis, mon salon n'est pas si grand que ça: peut-être dix pieds par dix pieds. Il n'y a pas de place pour une autre fenêtre. Si on en installait une autre, il faudrait enlever des meubles du salon. Et ça, c'est plate, parce qu'il n'y a pas tant de choses à voir dehors, à part la rue Christophe-Colomb, les voisins d'en face qui font refaire leur revêtement en stucco et qui choisissent des couleurs un peu trop pasquales à mon goût et à celui d'Anne-Marie aussi.

L'idée, c'est que je me rend compte que je n'ai pas besoin de Facebook -- pas plus, dans le fond, que quiconque lit ceci n'a besoin de le lire. Avec Myspace et ce blog, je crois que mon exhibitionnisme cybernétique s'étale assez bien.

Anne-Marie dit que c'est parce que j'ai une drôle de conception des rapports sociaux, c'est sûrement ça aussi. Je suis pas enthousiasmé tant que ça de reprendre contact avec telle fille qui était méga-tronche au primaire et que je vois sur Facebook assise sur le dash de sa Mazda Protégé, dans un t-shirt qui moule sa poitrine proéminente. Wow. A s'est vraiment déniaisée, la Karine. Je crois qu'à la base je suis plus solitaire, et c'est pour ça que ça me fait peur, ce site. Ça, et le fait que je suis foncièrement intimidé par les filles qui posent sur leur char pour montrer à des gens qui ne l'ont pas vu depuis le secondaire qu'elle a beaucoup changé dans la vie.

Donc, ce matin, après avoir angoissé une partie de la nuit avant de m'endormir, j'ai désactivé mon compte en me kickant dans le cul pour avoir dérangé les quelques personnes que j'aurais invitées à être amies.

Je souhaite quand même une longue vie à Facebook. Je trouve ça l'fun que ça existe. Et longue vie aussi à Twist'n'serve, et à myspace, puisqu'on y est.

4 commentaires:

Anonyme a dit...

Je n'ai rien à ajouter.

Sauf un sourire.

Ah, Facebook!

Anne a dit...

T’es trop contente, hein : )

Je continue à croire que c’est parce que William a peur d’avoir trop d’amis.

Anonyme a dit...

moi aussi j'ai eu un instant de curiosité après que tu m'aies invité à être ton ami. Je me suis inscrit et là, comme toi, tout d'un coup, me voilà avec la possibilité d'avoir une trentaine de contacts, des gens que je ne vois jamais et j'ai eu peur de m'emmerder une heure par jour pour les prochaines semaines à dire salut à du monde qui n'ont rien à foutre dans ma vie.
Mais le pire est que j'essayais d'être ton ami, de te répondre, mais ça ne marchait pas et là je paniquais et câlisse, j'ai tout crissé là.
maintenant je suis content de savoir que toi aussi, tu n'as eu qu'un instant de curiosité - excuse qui tiens la route.
on se voit pour de vrai la semaine prochaine ?

olivier

William a dit...

Catherine: je souris en retour...
Anne: euh, toi dans l'fond, j'peux te l'dire en personne... j'me retourne et je te l'dis à l'instant...
Oli: je t'appelle et on arrange de quoi pour la semaine prochaine.