31.7.08

blogs are so emo

(le titre est est piqué chez Pascale http://vj-a-la-spca.blogspot.com/, parce que ça m'a fait rire et que oui, c'est difficile de s'en sortir.)

C'est pas évident d'écrire. J'aurais envie de parler de ma directrice de recherche, une femme qui me fait penser à Annie Ernaux par son parcours de résiliente. Enfance à Trois-Rivières, avec des parents qui ont une huitième année à deux et qui n'ont jamais valorisé les études supérieures. Toute destinée à gravir lentement les échelons de la shop, Madame a décidé de faire un post-doc.
En Histoire de l'Art.
Quand même.

Elle me fait penser à Ernaux par la honte un peu amère qui contamine son discours lorsqu'elle se met à parler de ses origines. Parle de ses parents avec des roulements d'yeux, on imaginerait des campagnards retardés pas-de-dents-en-haut. Pas question de retourner en région. Même pour visiter, c'est limite. Il y a chez elle une réelle cassure d'avec le milieu, une fierté à écrire des essais sur la question des scripts sexuels dans la post-pornographie que son père ne pourrait jamais comprendre. Une nouvelle place sociale qu'on prend plaisir à investir - façon nouveau riche - en s'entourant de gens comme nous.

En même temps, il y a l'effraction constante des origines, subtile mais omniprésente chez elle. Assise dans l'herbe, elle me balance une vulgarité étonnante. Elle parle de plotte. Elle parle de jus de plotte et de baise. J'ai les yeux ronds. (Comment peut-on dire plotte avec un post-doc?*)

*Ça ferait un bon titre de livre. À suggérer à Raphaëlle Germain.

1 commentaire:

Alexie M a dit...

Yé ! Un post de Anne !

Je suis pas dans une situation aussi extrême, mais tu sais que ça me touche un peu ce genre de problématique... D'ailleurs j'ai lu La Place de Ernaux avec grand intérêt. Il y avait toute sorte de détails fascinants là-dedans, beaucoup de tendresse qui résiste à cet énorme décalage entre elle et ses parents.

J'imagine que si on ne veut pas, comme ta directrice, briser la quasi-totalité de ses liens avec sa famille (ou même ses amis d'enfance), il y a très peu de façons de résister: par l'affection, la tendresse, et par le langage.

D'ailleurs c'est pas pour me ploguer, mais j'ai un modeste projet d'écriture qui porte sur ces thèmes là et que je publie par petits bouts sur mon blogue.