23.11.09

MTV



Je faisais une petite recherche wikipédienne pour un texte que j'aimerais écrire sur les mémoires du chanteur des Eels dont j'ai déjà parlé ici. Le livre m'a un peu ennuyé mais il m'a quand même donné à réfléchir sur l'ironie dans la musique pop des années 1990. De Nirvana à Alanis Morissette, en passant bien sûr par Radiohead, Elliott Smith, Eels, et les moins sérieux, Barenaked Ladies, Everclear et Blink-182, l'éventail de l'ironie dans la décennie me paraît très large. J'ai alors pensé à ce clip de Fatboy Slim.

Je me souviens qu'à sa parution en 1999, le vidéoclip réalisé par Spike Jonze nous semblait vraiment bizarre et original. Aux MTV Awards, Jonze s'était d'ailleurs mérité les prix de la meilleure réalisation, de la meilleure chorégraphie (sous le pseudonyme de Richard Koufey, l'outregeek qui fait des "b-boy moves" dans le vidéoclip) et du meilleur vidéoclip émergent.

Question d'ironiser sur l'ironie, c'est drôle de constater qu'une telle esthétique do-it-yourself, artisanale, des plus banales aujourd'hui, n'ait (présumément) pas sonné d'alarme en quelque part dans les bureaux de MTV. Il faut croire que le paroxysme de la formule Music+Television, dans la montée en puissance d'Internet, aura été de primer son propre chant du cygne.

8 commentaires:

William a dit...

Allez voir ça aussi:

http://www.youtube.com/watch?v=hndsFLxjldU

Apparemment, ç'a été fait avant "Praise You", comme une sorte de suggestion faite par Jonze à Fatboy Slim.

Anonyme a dit...

Oui, je me rappelle. Si je me trompe pas, ça correspond vaguement au retour en force de l'absurde dans la mode musicale et publicitaire. Après le succès de ce genre d'intervention kitsch/inoffensive/baveuse (dans le sens de «on est aussi laid que vous, mais nous on le sait donc on est cool»), il a fallu 3-4 ans pour qu'il y ait (chez nous) un déferlement de Denis Drolet, de pubs de Rogers, de Trois Accords, etc. Me semble que Beck aussi avait cette attitude. (Alexie se souvient d'un band qui chantait «Who's got the crack?» sans se rappeler de son nom. Et dit aussi que le point culminant de cette affaire-là, c'est le vidéo du band qui fait une chorégraphie sur des tapis roulants...)
J'ai parfois le sentiment que la mode hipsteuse trouve sa source là-dedans, le «pas grave si mon linge est laitte, j'ai un beau petit cul pis je fais une moue de pin-up», mais comme c'est vrai qu'il fait laid en crisse dans la vie, c'est peut-être la bonne façon de la traverser. Anyway. Cette esthétique, honnêtement, je sais pas quoi en penser, sinon que tout est juste une grosse joke mais qu'il me manque une ou deux secondes pour la catcher.

William a dit...

Wow, plein de choses à dire:

En commençant par merci pour ce long commentaire.

Je suis tout à fait d'accord pour les Denis Drolet et compagnie.

"Who's got the crack" des Moldy Peaches (Kimya Dawson et Adam Green).

La différence avec le vidéo de OK GO! (tapis roulants) et celui de Jonze, c'est YouTube versus MTV. Mais pour l'esthétique dont vous parlez, vous deux, c'est justement ce que je veux dire: Jonze est précurseur et aujourd'hui, on ne compte plus les vidéos faits maison comme ça.

En lisant plus sur Spike Jonze, je constate qu'il a produit l'émission "Jackass" et qu'il est cofondateur d'une compagnie de skate (Girl Skateboards).

J'ai d'ailleurs lu un post de blog inconnu l'autre jour qui stipulait que les monstres poilus dans son dernier film, Where the Wild Things Are, étaient en fait de gigantesques hipsters avec leur pilosité et leurs coupes de cheveux organiques et désinvoltes. Et que, finalement, avec Dave Eggers comme co-scénariste et la chanteuse des Yeah Yeah Yeah's sur la soundtrack, le film ciblait spécifiquement cette clientèle-là.

À ce sujet, cet article d'Adbusters un peu réducteur et nostalgique sur les bords, mais tout de même intéressant, qui dit justement que le hipster est surtout un CLIENT, avant toute idéologie ou toute classe sociale: https://www.adbusters.org/magazine/79/hipster.html

L'auteur présente le hipster comme étant un "poser" sans, pour ainsi dire, de modèle "authentique" à émuler. Contrairement, par exemple, aux punks "esthétiques" qui peuvent imiter les punks "idéologiques", ou aux gens qui s'habillent en skater sans faire de skate, tséveudire. Le hipster est, selon l'auteur, une coquille vide.

Moi, ces distinctions-là me gossent dans la mesure où ça reste très souvent vestimentaire comme débat. Donc, d'un bord comme de l'autre, ça finit par frôler la coquetterie. J'ai de la misère à ne pas voir même les plus rustres punks comme étant coquets.

En pigeant autant dans les vieux tiroirs de ses grands-parents qu'au fucking Foot Locker, le hipster qui s'assume, à mon avis, est un dandy postmoderne, avec tout ce que ça comporte de joli et de ronflant.

William a dit...

Je réalise que d'utiliser une expression comme "dandy postmoderne" peut aussi très facilement être perçu comme étant profondément hipster. Et que l'espèce de ruban de Moebius qui se crée ensuite fait vraiment postmoderne...

D'ailleurs, j'ai quelques livres ("The Post-Modern Aura" par exemple) qui insistent sur les dangers du semblant d'équivalence entre des concepts comme le hipster et le postmodernisme.

(vomissure)

Clarence L'inspecteur a dit...

Pour moi c'est les moustaches. Je sais pas quoi faire avec ça.

Je suis passé par la phase du "plus c'est laid plus c'est cool", au Village des Valeurs (d'ailleurs ma mère m'a encore remercié dernièrement de ne lui avoir pratiquement rien coûté en vêtements à l'adolescence)... Mais il y a chez le hipsters un renversement du deuxième degré ou de l'ironique que j'ai vraiment de la difficulté à saisir. T'as déjà vu cette scène du film "Margot at the wedding" dans lequelle Jack Black explique qu'en se rasant la barbe dernièrement il a décidé de garder la moustache et que c'est supposé être une sorte de joke parce qu'il est dépressif. Je suis comme resté pogné à cette étape là de la moustache. Remarque c'était la même chose avec le mullet il y a quelques années.

Pour moi, le hipster idéal, c'est un peu Napoleon Dynamite.

Anonyme a dit...

Bah... pour moi le Village des valeurs c'est juste pour les Grunge...

mais à quand un Suburban Outfitter?

mot de passe: humiday. ?

William a dit...

Ici je suis vraiment tenté de me répéter pour conter la fois où j'ai vu une fille entrer au métro Mont-Royal dans mon wagon. Au début, je ne la voyais que de profil, elle portait des chaussures Reebok vintage en cuir blanc et avec des velcros, des leggings mauve avec des élastiques pour passer sous les talons, un coupe vent vraiment fuckall style Umbro 1996 et elle avait des cheveux très courts. J'étais curieux de voir si elle était belle, en supposant qu'elle était tout à fait consciente de son look hipster.

Tsé, tu vois une fille qui entre dans un métro habillée comme Helen Page, tu jettes quand même un coup d'oeil.

Quand elle s'est retournée, j'ai pu constater que la demoiselle était trisomique.

La ligne est très mince, donc.

Anonyme a dit...

Heu, depuis quand les trisomiques peuvent pas avoir de goût vestimentaire? grimper le matchou pichou? aller au banquier? t'es tu nazi?

mot de passe: varsivit