Les hommes croient avoir des histoires à raconter. Je le vois à l'université tous les jours. Les étudiants parlent les filles écoutent. Dix fois plus intelligentes, plus belles, plus à l'aise dans leur corps et dans le monde des matières, elles se taisent. Et même si vous n'êtes pas parmi les bavards, même si je suis parmi les discrets, nous avons tous ce fond de prétention qui nous fait croire en l'intérêt de nos fixations. (p. 101)
Il me semble approprié de parler d'âge ici. Un prof de cégep a une jolie femme intelligente et aimante, une relation assez solide avec sa fille adolescente, il enseigne le français et parvient à publier ici et là, de façon visiblement régulière, des romans dans son temps libre. Voilà une vie qui paraît enviable. Pourtant, le gars est affligé d'une vision morne, blasée et complètement détachée. Tout lui semble lourd. En fait, au risque de sortir une métaphore digne d'un commentaire d'impro de Gaston Lepage, c'est bien le poids de l'âge qui met une ombre sur ce qui, à mes yeux de gars dans la vingtaine qui ne connaît supposément pas encore le "vrai monde", me semble plutôt confortable. Il n'est pas blasé du confort, il est même fier de son écriture, de sa femme, de sa famille; c'est le temps qui l'écoeure. Je comprends Bock d'avoir trouvé ce livre déprimant. Ça nous prend sournoisement, nous, lecteurs de jeunes générations, membres plus ou moins confiants de la "relève".
À l'exception de quelques passages qui m'ont donné l'impression de lire une perpétuelle montée de lait démagogique, alors qu'on met en scène le discours d'un personnage professeur vraiment désagréable, une sorte de centre vide que même le personnage narrateur cherche éventuellement à éclipser; le roman de Patrick Nicol (Leméac, 2009) est marqué d'une plume sentie et précise. C'est de toute beauté.
Incipits actualisés #1
Il y a 13 ans
9 commentaires:
Moi j'ai déjà bu plein de shooters avec lui. Mais j'ai pas encore lu tout ça.
Boire des shooters avec Patrick Nicol, je pense que ça relève de l'identité cégépienne sherbrookoise.
Ouais, ça ressemble à un rite de passage...
Bien sûr que c'est déprimant. Je me souviens plus clairement ce que je t'avais écrit à ce sujet, quelque chose par rapport au soleil en diagonale dans la poussière, je crois. Je tâcherai de ne pas devenir prof.
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Al a connu ce rite de passage aussi. Mais d'où ma foi Nicol tire-t-il son inspiration pour créer des personnages de jeunes et jolies jeunes filles?
mot de passe: cokwomp
Ah, eh bien j'étais déjà alluniversiter à ce moment. Trop vieille.
Du CEGEP de Sherbrooke, je me souviens juste de Richard Langlois et du bureau qu'il partageait avec un certain Roger Tremblay, qui n'était pas le même Roger Tremblay du département des Lettres et Sciences Humaines de l'université de la même ville... Je me souviens aussi du bar à shooter qu'il y avait sur la Wellington...
Ah oui oui, le bar à shooter! Celui à gauche, là. Juste en face du bâtiment. ;-)
Le bar "Contact" que ça s'appelait... À côté du "Bogart"...
Snake Bite: 1/3 Tequila, 1/3 Jack Daniel's, 1/3 Southern Comfort... Le tout dans la chaise de barbier...
Attendez un peu... Ça me revient... Nicol aurait-il écrit dans Stop au début des années 90 ? Sauf qu'il avait les cheveux plus longs à l'époque ?
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