4.7.10

Erection Boosters For Men



Suk-Yin aimerait qu'on l'appelle Sue depuis qu'elle a entendu la chanson de Johnny Cash, même si les paroles la laissent perplexe. On ne la verra jamais en public sans une paire de jeans et un iPod bourré de morceaux dont les plus écoutées sont: "I Don't Want To Miss a Thing" d'Aerosmith, ex aequo avec une version acoustique de "Chun Chun Yu Dong" de Jolin Tsai. Elle sort avec un garçon nommé Xiao qui insiste pour qu'on l'appelle Jack et c'est lui qui l'a fait entrer dans la compagnie de cybermarketing qui m'offre régulièrement, en anglais, des Stimulants d'érections pour hommes. Un jour, ils iront vivre à Los Angeles.

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Je me demande si Sue, dans cet univers qui vient de naître dans ma tête, se questionne sur les gens qui recevront ses messages. Pense-t-elle à son lecteur autant que moi, mettons, je pense au mien, quand j'écris?

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On croirait qu'avec le degré de sophistication qu'implique le commerce électronique (j'ai l'impression d'avoir lu ce début de phrases des centaines de fois sur Cyberpresse), les compagnies qui embauchent des gens comme Sue trouveraient des moyens plus sournois pour vendre leurs grossisseurs de pénis ou leur augmentateurs de libido: une sorte d'enquête automatisée pour savoir à qui on a affaire... Parce qu'il me semble qu'à moins d'être un véritable douchebag, je n'ouvrirais jamais un courriel intitulé "Erection Boosters For Men" ou "Huge Penis, Small Price". Trop froid, trop direct comme approche, tsé.

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Quand je parle des problèmes de l'ironie, du sarcasme et du cynisme comme moteurs du discours, je me console parfois dans ces courriels ô combien "premier-degré".

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J'imagine le jour où Sue virera tout à coup postmoderne et se mettra à m'écrire de longs récits labyrinthiques qui finiront, eux, par me convaincre que c'est une pilule pour m'élargir, m'allonger ou m'étirer le pen qu'il me faut, dans la vie. Un genre de filigrane commercial.

2 commentaires:

Clarence L'inspecteur a dit...

Il me semble que du côté féminin, les cies pharmaceutiques font déjà plein de campagnes "en filigrane", comme tu dis. Tu sais, des trucs de libidos et de papillomes humain, le "Aelcis", ou ché pas, la pub ne dit rien, elle montre des femmes heureuses et épanouies, entre deux tournesols... "parlez-en à votre médecin"... il saura c'est quoi, lui. Il saura vous le dire, lui.

Anne a dit...

J'y vois, du côté féminin, une certaine extension des pubs de tampons. Dans le sens que les femmes sont déjà à l'aise avec une symbolique farfelue, du liquide bleu qui leur coule entre les cuisses, faire du cheval entre amies en tenant une raquette de badminton et en mangeant un revelo. Alors je ne suis pas étonnée que la stratégie marketing d'une nouvelle sorte de pilule s'inspire du Da Vinci Code. J'ai l'impression que mon médecin a accès à une vérité. Et une pilule qui s'appelle YAZ, c'est tellement plein de fun, on dirait un nom de bar à Brossard.

Le premier degré, c'est mâle. Il faut lire ces junk mails avec une voix d'annonce de Monster truck. DOUBLE YOUR PLEASURE. EXPAND YOUR IMAGINATION.