25.7.10

Life is wasted on people.



Noah Baumbach a réussi, avec Greenberg, a créer l'un des personnages les plus antipathiques que j'ai eu la chance de voir au cinéma.

Parenthèse. Est-ce qu'il existe un seul personnage réellement sympathique dans toute la filmographie de Baumbach? J'essaie vraiment d'en trouver un. Ce gars-là est le roi des losers moyens, ambigus, tordus, insaisissables, franchement complexes. Je suis très mal à l'aise devant la cruauté de Margot (Nicole Kidman) de Margot at the Wedding, mais la débilité du personnage joué par Jack Black dans le même film m'est totalement insupportable. Quant à The Squid and the Whale, je ne sais tout simplement pas qui est le plus weirdo de la famille...

Bref, Roger Greenberg s'inscrit totalement dans cette lignée de personnages étranges auxquels on s'attache très peu. C'est un homme vide, solitaire, sans ambition, plutôt déprimant dans la première moitié du film... mais pourtant, on rit (jaune) devant son absence d'aptitudes sociales, sa maladresse, sa colère constante, son instabilité et son regard sur les jeunes dans la vingtaine. Pourtant, Greenberg n'est pas complètement détestable et on arrive peu à peu à avoir une certaine empathie devant ce loser fini, peut-être parce qu'il semble étonnamment conscient de ses propres mécanismes.

Une anti-comédie de situation fascinante qui souligne une fois de plus la justesse de ton de Baumbach.

Pour voir la bande-annonce.

5 commentaires:

Clarence L'inspecteur a dit...

Je le loue et on s'en reparle.

Est-ce que c'est "full Sundance"?

Catherine a dit...

Oh, j'ai envie de le voir...

Je suis pas mal dans ses films, en ce moment, pour mon texte pour CB et j'en apprécie toujours la justesse du ton et les personnages tout en nuances. En revoyant Margot at the wedding, j'ai été surprise de ne pas la trouver si cruelle cette fois (alors que la première fois, ça m'avait frappée), mais plus malhabile, instable...

Enfin! C'est un grand cinéaste.

p.s. Pas mal beau votre nouveau Twist'n'serve!

William a dit...

Clarence: Il faut dire que la bande annonce ne rend pas justice au ton du film. Comme à l'habitude avec ces previews montés selon une formule "vendeuse", le film est beaucoup plus diffus et dark qu'il en a l'air.

J'aime bien l'approche du réalisateur qui dit s'inspirer de romanciers comme John Updike, Philip Roth et Saul Bellow pour bâtir ce qu'ils appellent un "character-piece" (un "film-personnage"?).

Bref, je suis d'accord avec Catherine: Baumbach est un grand cinéaste. J'ajouterais que d'un film à l'autre, la ligne qu'il trace entre l'humour et le malaise est toujours de plus en plus fine.

On a peut-être un parti pris, Anne et moi sommes des groupies.

Anne a dit...

Clarence : Full Sundance, je sais pas. C'est pas cute, ça mène nulle part, c'est de l'anti Little Miss Sunshine! En fait, je pense qu'avec ce film, Baumbach s'adressait d'abord à des initiés. Quand je regarde la réception critique, c'est très mitigé. Et en effet, c'est facile de décrocher devant un personnage si vide qui a décidé, littéralement, de ne rien faire.

capcha : pholi (ça s'invente pas).

Clarence L'inspecteur a dit...

Je viens de le voir. Tu sais à quoi ça m'a fait penser, comme étude de caractère? Au superbe (d'après-moi) "Punch Drunk Love" de P. T. Anderson.

C'est un excellent film. Mh et moi on parlait de ça après, on se disait c'est assez récent mais cette étude du malaise, du "awkwardness", du rire-jaune et de l'aigre-doux, est vraiment à la mode au cinéma et à la télévision. Peut-être depuis The Office version british.

(Bon, soit dit en passant, c'est du Sundance à la puissance dix: Focus features, un acteur mainstream qui joue un contre-rôle, de la banalité poétique, un soundtrack indé, une exploration de la complexité des relations familiales et amicales, un personnage principal décalé des valeurs américaines stéréotypées, un discours anti-républicain sous-jacent, une critique sociale extrêmement réaliste qui s'oppose au grotesque ou à l'exagération des travers américains... C'est tellement Sundance que c'est à peine si Jeff Daniels et Laura Linney ne font pas un caméo surprise.)