2.11.10

Ce qui se passe d'épique


Elle fait de plus en plus de mouvements avec ses lèvres qui ressemblent à des sourires. C'est d'autant plus bouleversant du fait qu'elle semble vouloir esquisser ces premiers pseudo-sourires quand on lui parle en bougeant la tête et en cherchant son regard, ou quand on l'embrasse sur les joues ou la bouche. On se dit, man, c'est tellement magique!

Pourtant, je lis ça en ce moment et j'y apprends que les vrais sourires, the real deal, ne surviennent qu'à partir du deuxième mois, apparemment. C'est une question de développement neurologique. Le cerveau semble programmé pour faire évoluer rapidement certaines fonctions durant certaines périodes pour ensuite en faire ralentir le rythme de croissance, le temps que d'autres fonctions rattrapent le peloton. Ça fait en sorte, par exemple, que la vision d'un enfant atteint vite une certaine maturité, pour ensuite diminuer son rythme d'évolution. On parle bien sûr ici d'une échelle de temps très condensée. Deux, trois mois.

Il lui arrive d'avoir le regard calme et très sérieux pendant d'assez longues périodes - Anne pense que c'est dans ses gênes, moi je pense que c'est son environnement. Or, on évite illico le débat de l'inné et de l'acquis en se disant que c'est les deux parce que l'un doit forcément dépendre de l'autre et vice versa.

Malgré ses longs regards fixes, ce que je perçois de l'extérieur, c'est que c'est le big-bang là-dedans. Tout s'entrechoque, s'essaie, manque son coup, recommence, relaxe, respire, repart. Durant son développement, le cerveau produirait trois ou quatre fois plus de cellules qu'il n'en faut pour son fonctionnement normal. C'est qu'il paraît qu'elles sont en perpétuels essais routiers, les cellules, et qu'au bout de l'évolution neurologique il faut une cour à scrap pleine jusque par-dessus les clôtures pour constituer un lot de neurones équilibrées.

On serait tentés alors de rester le plus tranquille possible, autour d'elle, d'éviter toute stimulation excessive, pour adoucir les secousses. Mais encore là, j'imagine que ce serait comme enlever tous les obstacles sur le parcours des essais routiers. Alors elle monte le Mont-Royal, elle sort plusieurs fois par jour, elle danse et elle écoute de la bonne musique, elle fait des drôles de "woot-woot" quand elle boit, elle digère alors qu'on se promet mentalement de ne pas parler de caca sur le blog, elle braille en masse, elle explore ce qui pour le moment se limite à son propre espace mental - elle n'a pas encore conscience d'avoir un corps.

Et pendant ce temps, on vend Épique au Club Social, on voit Marie Hélène Poitras, on se tape du PR les cernes maquillées à Vox, on fait tantôt de l'écriture de cégep tantôt des choses très connectées à Bazzo.tv, mais on s'en torche gaiement parce que je vous jure que quand je lui croque le début de gras de cou qui se forme lentement sous son menton, quoi qu'en disent les neurologues, elle esquisse le plus beau des sourires. Et c'est pas mal tout ce qui se passe d'épique dans ma vie, en ce moment.

7 commentaires:

Clarence L'inspecteur a dit...

Hostie que j'ai hâte de vous voir!

Samedi!!!!

Samedi c'est bon?

Dominique a dit...

Tout ça, c'est si beau!

Patty O'Green a dit...

Félicitations à vous deux!!!

Je vois que tu t'es fait un bandcamp finalement, chouette :) Je travaille sur le mien!

Esquimaude a dit...

Très beau texte, William, vraiment.

Steed Colliss a dit...

Comme Esquimaude... Très beau texte... et très beau bébé !!! Toutes mes félicitations !!!

Mélanie J. a dit...

Cute & cool. Si vous avez besoin d'une ado de babysitter, j'arrive à Montréal en janvier. Les bébés me trouvent drôle, je fais la vaisselle et j'ai pas de chum à inviter pour frencher sur le divan.

William a dit...

Merci tout le monde!

MJ: C'est bon, on prend ça en note. Notre réserve d'alcool fort est un peu basse mais y a toujours un sac de chips ouvert dans le garde manger...