10.11.09

Pink Boys et parents queer.


Tout a commencé par un article fort intéressant, transmis par Catherine, qui relate l'histoire d'un couple de Suédois qui a décidé de garder le sexe de leur enfant secret depuis sa naissance. Le petit Pop a deux ans aujourd'hui, est élevé en parfait « gender-neutral » et personne, mis à part les quelques membres de la famille qui auraient changé la couche de l'enfant, ne peut dire s'il s'agit d'un garçon ou d'une fille. L'expérience (car c'en est une... et déjà, mon éthique s'emballe) est clairement intéressante pour ceux qui, comme moi, sont passionnés par les multiples questions du genre et de la construction sociale des corps. Et je ne suis pas réellement surprise qu'en Europe du Nord on décide de pousser un peu la logique de la socialisation neutre. Au-delà d'un certain questionnement éthique*, donc, je reste sceptique quant à la faisabilité de la chose à moyen terme, Pop devant tôt ou tard sortir de la bulle familiale queer. Et tout le monde sait que les enfants sont HYPER genrés, voire archétypaux dans leur rapport au monde et aux autres. Difficile d'écarter un enfant de ce tourbillon de princesses/pouliches/bijoux brillants/souliers qui flashent, ne serait-ce que par l'école ou la garderie, où il risque de se faire rejeter s'il ne correspond pas au modèle de son genre. Rémi-Maxime porte un tutu en maternelle? Certains spécialistes diront qu'il faudrait veiller à lui développer une solide confiance en soi, une capacité à défendre ses choix. Lui faciliter la vie en expliquant la situation aux autres élèves, ou encore lui fournir des alternatives ''neutres'', comme une salle de bain à part pour lui éviter le stress de devoir se justifier avant d'aller faire pipi. Pas si évident... mais j'aime bien lire sur le sujet.

Parlant de Rémi-Maxime qui porte des tutus, je vous suggère un autre article sur Motherlode, le blog « Parentalité » du New York Times. Dans mon élan, j'ai aussi bifurqué vers les blogs de parents de Pink Boys, une appellation américaine qui désigne ces petits garçons qui empruntent des caractéristiques traditionnellement associées aux filles. Qui s'écarte d'un schéma de genre plus normatif. On ne parle pas ici de transgenres ou d'homosexualité : je pense que ces parents sont assez conscients des effets pervers des étiquettes pour en apposer de nouvelles. Des exemples ici, ici ou ici.

*Encore là, tenter d'élever un enfant en parfait-petit-queer, est-ce que c'est vraiment mal? Je ne sais pas. Est-ce pire que d'imposer un régime crudivore à un bambin? Que d'être mennonites? Ce sont tous des choix, après tout... et si, globalement, tous les parents imposent une philosophie à leurs enfants, certaines me semblent cent fois moins équilibrées que ce désir de lutter contre la dichotomie des genres...

4 commentaires:

Esquimaude a dit...

Wow, vraiment intéressant. Dans tous les cas (cacher le sexe de bébé et laisser fiston porter un tutu), c'est vraiment les croyances/constructions/stéréotypes ancrés les plus profondément en nous qui sont en jeu.

Je me demande combien de temps ça peut prendre avant que le chat sorte du sac dans le cas de Pop : l'identification au parent de même sexe fait partie du développement normal, il me semble, sans compter que la distinction se fera sans doute d'elle-même quand Pop sera à l'école, puisque les autres enfants fonctionneront, eux, selon les définitions habituelles...

Catherine a dit...

J'ai écrit au moins 300 versions de mon commentaire, mais ces questions me semblent beaucoup trop complexes pour être répondues en quelques lignes.

Mais bon, ça m'intéresse beaucoup. Alors, on prend un café et on en discute longuement?

Catherine a dit...

Sans compter, Maude, que les parents de Pop choisissent de ne pas l'habiller de façon neutre, mais tantôt "en garçon", cheveux courts et souliers de sport, tantôt, "en fille", robe, tutu et brillants. Forcément, lorsque Pop se promène "en fille", elle se fait dire qu'elle est belle et vice-versa. Forcément, viendra le jour où Pop cherchera à savoir c'est quoi une fille, c'est quoi un garçon. Enfin, j'imagine.

L'autre chose que je me demande, aussi, c'est si à vouloir cacher à tout prix le sexe de son enfant, on ne crée pas plutôt un tabou, un rejet du corps. Auquel cas, on passe à côté des objectifs de l'expérience.

Esquimaude a dit...

Tout ça mérite effectivement une longue discussion spéculative autour d'un café.