10.4.10

Indirect libre


Je lis un livre sur la génération d'auteurs de Brett Easton Ellis, Michael Chabon et Tama Janowitz (1980-1990, genre). Le titre: Shopping in Space: Essays on America's Blank Generation Fiction, d'Elizabeth Young et Graham Caveney. Et je tombe sur ce passage de Young, au sujet de ses élèves, à l'époque:

They had invariably been given To Kill a Mockingbird and The Catcher in the Rye, at school, just as I had been. Although they had no particular objection to these books they certainly found them very quaint. A deep Southern childhood where adults were addressed as "Ma'am"? Twitchy fifties New York preppies drinking highballs (highballs?). What was this shit? To multi-cultural urban students these books were worlds away. (p. 9)

Je me dis alors que c'est comme ça que je veux écrire dans la vie. J'aimerais pouvoir faire avaler à mon lecteur un gros "What was this shit?" juteux sans que ça mine ma crédibilité.

2 commentaires:

Clarence L'inspecteur a dit...

Tu veux dire, qu'il y ait une sorte de "man, it was so cool back then!" implicite, après le "Was was this shit?"

William a dit...

Elle le présente comme étant exactement ce que ses élèves pensaient (aujourd'hui, ce serait plutôt quelque chose comme "WTF").

Parce que je crois pas que d'appeler les adultes "Ma'am" paraissent si cool que ça, aux yeux de n'importe quelle génération!

Mais ce qui m'intéresse ici, c'est moins le propos que la façon d'aborder le propos. J'ai été crissement étonné de lire "What was this shit?", même avec la licence littéraire du discours indirect libre, dans un texte académique.

J'imagine facilement l'auteure s'engueuler avec l'éditeur pour qu'il laisse son "What was this shit?" dans le texte, en chialant à son mari, le soir: "Goddammit, hasn't he ever heard of Flaubert?"